6 mois dans l’aventure…..
Cela fait 6 mois que notre aventure canadienne, et plus particulièrement québécoise, a commencé.
6 mois, c’est un “fall” et ses paysages rouges orangés colorés, un hiver et ses paysages froids et blancs, le début du printemps et pour l’instant des paysages noirs, boueux et mouillés : et oui la neige fond…nous attendons avec impatience que la verdure réapparaisse…
Avant de décider de nous lancer dans l’aventure nous avons lu beaucoup de blogs et avons parlé à beaucoup de gens. La conclusion en a été que nous devrions savoir si le Québec c’est pour nous au bout de 6 mois. Nous devrions alors être intégrés et ne plus nous sentir comme des poissons hors de l’eau.
La pression de la deadline des 6 mois….
Je vous dis pas la pression quand on a vu arriver la date fatidique des 6 mois…. et qu’on ne se sentait toujours pas vraiment intégrés, pas tout à fait comme des poissons dans l’eau mais pas tout à fait hors de l’eau non plus…
Je me souviens mon fils un soir de “blues” qui me dit “Maman, on devait pas se sentir mieux après 6 mois?”. Que puis-je répondre à mon fils dans ce cas-là?
Bein je lui réponds que 6 mois c’est une projection, une estimation faite avec des hypothèses mais que ce n’est pas pour autant une deadline stricte, comme un ravin : on est soit en sécurité d’un côté du ravin soit on tombe….
En effet, cette date des 6 mois est inhérente et dépendante d’autres facteurs favorisant cette dite intégration. Facteurs qui dans notre cas n’ont pas été présents ou alors d’autres facteurs un peu embêtant sont passés par là car ils avaient vu de la lumière….
Alors, qu’est-ce qui fait que 6 mois dans l’aventure nous ne savons pas encore répondre avec conviction et honnêteté si le Québec c’est fait pour nous ou pas?
La vision de notre aventure au Canada c’est une aventure basée sur des voyages, visites, découvertes, rencontres et aventures diverses….
Tout d’abord il y a bien entendu la Covid… notre aventure au Canada est une aventure basée sur des voyages, visites, découvertes, rencontres et aventures diverses… enfin dans nos plans c’est ça. Et bien entendu la Covid et ses aléas, restrictions multiples et diverses, nous bloque un peu. Et même si la Covid était déjà parmi nous avant que nous partions, ce n’est pas la même chose quand tu es à des milliers de km de tout ce que tu connais et aime (famille, amis, océan, etc…). la Covid et la fermeture des restaurants et autres endroits intérieurs ne nous a donc pas aidé à apprécier ce beau pays pour l’instant, surtout quand il fait –20 dehors, tu hésites un peu à partir visiter sans endroit intérieur ouvert pour te réchauffer. Heureusement que nous avons pu nous échapper à Noel et avons gouté à la beauté de la montagne des Laurentides pendant une semaine… mais cela ne remplace pas la vie sociale, le sport et la vie culturelle qui nous a manqués pendant plusieurs mois.
Ensuite, il y a les chiens… Nos chiens font partie de la famille et nous n’avions pas anticipé le fait qu’au Québec il est extrêmement difficile de vivre avec son chien. En effet, la plupart des propriétaires refusent de te louer leur bien si tu as des animaux!!! Nous avons donc dû faire face très rapidement à un problème de taille: on fait quoi nous avec nos 2 loulous? On a fini par trouver après maintes négociations et en offrant de couvrir les potentiels dégâts que nos chiens pourraient faire… mais pas du tout dans la région que nous avions choisie à la base… et nous voilà dans un quartier résidentiel, un peu une banlieue dormante, de l’autre côté du pont.. Sur la rive sud. Nos rêves de vie de quartier entourés de cafés et boutiques se sont envolés… la banlieue dormante, aussi belle et verte soit-elle, c’est pas l’idéal quand tu arrives juste dans un nouveau pays et ne connaît ni personne ni rien…
3ième embuche que j’ai envie de partager avec vous… la scolarité de notre fils de 16 ans. Nous savions bien qu’en venant ici notre fils allait suivre une scolarité différente car il voulait suivre le schéma québécois. Mais c’est un peu dur quand on te met ton fils dans l’année précédente car il n’a pas suivi des cours requis pour passer son diplôme… il se retrouve avec des enfants de 1 voire 2 ans de moins que lui.. À 16 ans ça a un impact, “It matters” comme on dit. S’en suivent plusieurs semaines de négociations avec l’école secondaire, d’aide de groupes facebook de francophones (un énorme Merci à vous tous pour cette aide précieuse) et de dépression de mon ado de 16 ans. Finalement on y arrive et il a le droit de passer en Secondaire 5 et de passer ses examens comme prévu mais il devra aussi suivre certains cours de Secondaire 4 (Histoire et Sciences) pour avoir son diplôme. Ce n’est qu’en Novembre (presque 3 mois après notre arrivée) que notre fils peut enfin commencer son aventure et profiter… mais la Covid est toujours là bien entendu…
J’ai choisi ici 3 anecdotes mais J’aurais pu en raconter bien plus; un déménagement et un changement de vie est un chemin chaotique, plein de bosses et de détours, avec des culs de sac et des ponts à construire pour passer de l’autre côté de la rivière.
Une Roadmap lisse et droite? non Merci…
Il y a la “Roadmap”, bien lisse, avec des projections faites basées sur de la belle théorie et sur l’expérience d’autres personnes. Et il y a la “Réalité du terrain”, belle et endommagée, qui t’amène dans des coins et recoins auxquels tu n’avais finalement pas pensé, qui te font découvrir de nouvelles possibilités.
Et finalement c’est peut-être mieux car le résultat est original, n’appartient qu’à nous et nous l’avons construit au fur et à mesure.
Je fais ce parallèle à une Roadmap car finalement c’est pareil dans nos projets ou création de produits. Nous faisons de belles Roadmaps, mais ce ne sont que des projections, de grandes trajectoires possibles, qui doivent rester modifiables et adaptables au besoin. Et seule cette adaptation nous permettra d’atteindre nos objectifs : apporter de la valeur. Car qu’est-ce qui est le plus important? De respecter le plan, budget et deadline? Ou de faire en sorte de créer le plus de valeur possible?
Une chose est sûre pourtant , si nous avions suivi le plan, si nous nous en étions tenus à la théorie et aux projections, aujourd’hui nous serions de retour en France. Car soyons honnêtes, rien ou pas grand-chose n’a marché comme nous l’avions prévu…
Alors j’ai envie de terminer ce billet en vous parlant de tout ce qui fait que cette expérience a jusqu’ici value d’être vécue, plutôt que de répondre à la question de “Sommes-nous fait pour le Québec et pour y rester?”.
Aujourd’hui, ma fille de 12 ans adore son école, elle y va à pied et rentre à la maison pour sa pause du diner (repas du midi pour les français). Elle peut aller se balader avec ses copines et aller faire du magasinage seule (lire Shopping pour les français). En France je ne me sentais jamais de la laisser partir seule, j’avais toujours peur pour elle. Ici je la sens en sécurité et du coup je lui donne plus de liberté et d’autonomie.
Mon fils de bientôt 17 ans a retrouvé confiance en lui, confiance en ses aptitudes et a les meilleurs résultats scolaires depuis le début de sa scolarité. Il a été accepté au premier tour dans un collège anglophone réputé pour 2 ans d’études pré-universitaires à la rentrée prochaine et souhaite ensuite aller à l’université en Ecosse. En France il avait été rayé, n’avait aucun débouchés, ne réussirait jamais à rien apparemment ou à pas grand-chose en tous cas.
Mon mari a trouvé un travail dans lequel ses années d’expérience sont en fait valorisées au lieu de lui être reprochées. Proche de la retraite oui, à la retraite pas encore. En France on l’avait mis en pré-retraite depuis bien longtemps déjà…
Les chiens sont heureux et bien plus en forme ici. On les emmène au Parc à chiens, un parc rien que pour eux, bien clôturé et ils peuvent jouer et courir avec leurs potes chiens tout en sécurité. Ils aiment aussi les grandes balades en forêt et la neige.
Et moi dans tout ça? Moi j’ai passé les premiers mois à m’occuper de tous les autres et à ne pas trop faire attention à moi… maintenant c’est mon tour. J’aime aller nager à la piscine juste à côté et gratuite. J’apprécie les horaires de travail compatibles avec ma vie de famille. Je me suis remise au patin à glace (un peu).
Et puis j’ai démarré une nouvelle aventure – encore une vous me direz… – j’ai rejoint une société et un domaine dont je rêvais depuis bien longtemps.
Et enfin, je profite de notre vie de famille, de notre proximité car les embuches ça rapproche….
Comme quoi, sortir de la route balisée et tracée ça peut avoir du bon…. Faisons des plans et des roadmaps mais acceptons d’en sortir et de les laisser de côté quand ils ne font plus sens… gardons le volant et prenons des risques en prenant des petits chemins inexplorés.
Salut Vanessa. On se connait depuis un bon moment maintenant, depuis 2 boites en fait. Tu es quelqu’un que j’apprécie énormément, et que je respecte énormément. Quand tu as annoncé que vous partiez au Québec, il ne faisait aucun doute dans mon esprit que c’était une super idée, et que tu n’aurais aucun mal à dépasser les éventuels obstacles, et que même tu allais t’épanouir (et toute ta famille !) . Je suis heureux de voir que malgré les tracas et obstacles vous vous en sortez bien, et que tout le monde se porte même mieux qu’avant de partir. Ca donne envie de tenter l’aventure Québecquoise, mais je n’ai pas ta volonté, et je me vois mal partir en laissant ma fille en France (garde alternée oblige). Je vous souhaite bon vent à tous, et j’espère qu’on aura quand même l’occasion de se revoir ? Bien amicalement. Fred.
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